Le nom pourrait donner à croire qu'il s'agit d'une blague ou d'un pari lancé avec une pincée de folie. Pourtant, Édouard Rudolf et Édouard Polese sont bien conscients du côté insolite du nom donné à leur start-up, ouverte fin juillet 2015. « En voiture Simone » a des ambitions. Depuis la loi Macron sur la libéralisation des auto-écoles, l'entreprise s'est lancée dans une toute nouvelle forme de modèle d'apprentissage à la conduite. Destinée aux « candidats libres » à l'obtention du Code de la route et du permis de conduire, l'offre entend diviser par deux les prix du marché actuel. En deux ans et demi, 67 000 personnes l'ont choisi. Comment cette jeune start-up en est-elle arrivée là ? Présentation de l'auto-école 2.0, celle qui lutte contre les coûts fixes ne possède pas de salariés, ni de flotte de véhicules.
Ubérisation aussi dans la formation
« En Voiture Simone » (EVS) est décrite comme une auto-école en ligne, permettant aux candidats souhaitant passer le permis, de suivre des cours d'apprentissage au Code de la route via une application, ainsi que de réserver des leçons de conduite partout en France. EVS ne possède pas de structure ni de moniteurs employés. La start-up est une plateforme mettant en relation des moniteurs indépendants (ou hors des horaires de leur emploi en auto-école classique), avec des candidats libres. Son fonctionnement – dit de « pure player » – est proche de celui des start-up telles que Blablacar ou Airbnb, touchant uniquement une commission entre les frais versés lors de l'achat de la formule Code de la route, et pour les leçons de conduite. Un modèle économique apparut depuis le géant américain Uber, d'où le terme qui s'en est suivi d'« ubérisation ».
Un réseau national, déjà
Comment une auto-école en ligne a-t-elle pu convaincre plus de 67 000 personnes à souscrire à son offre en moins de 3 ans ? La progression d'« En Voiture Simone » est assez importante à signaler. La raison à cela étant bien évidemment son modèle économique : l'entreprise ne travaille qu'avec des moniteurs indépendants, autrement dit à leur compte, sous le statut de micro-entrepreneurs. En ne prenant qu'une commission et ne disposant d'aucune structure, la plateforme en ligne a donc pu expandre son réseau au niveau national, en attendant seulement que les enseignants à la conduite (étant diplômés d'État) s'inscrivent pour travailler sous l'étiquette de la start-up. Aujourd'hui, ils seraient au nombre de 1 500, et la prise de rendez-vous pour une heure de conduite se réalise via le site internet, en renseignant l'heure et le code postal souhaité. Ainsi, il est possible pour tout candidat ayant souscrit à l'offre, d'effectuer ses heures de conduite dans la plupart des agglomérations. Paris, Lyon, Toulouse, Lille et Bordeaux étant les principales villes à l'heure actuelle où le nombre de moniteurs liés à la plateforme est le plus important.
Horaires et prix compétitifs
Il ne manquait plus que la loi Macron ayant libéralisé les auto-écoles pour voir arriver ce genre de start-up. Sur un modèle économique permettant la flexibilité, l'essor de ces structures en ligne ne pouvait que voir le jour, tant le marché est important. En effet, chaque année, 1,3 million de personnes passent le Permis de conduire, ce qui fait de cet examen le plus passé au sein de l'Hexagone. D'autant plus que les 18-25 ans représentent 80 % de ce volume-là. Un avantage considérable pour une entreprise exclusivement tournée sur le web, l'apprentissage et les réservations aux heures de conduite en ligne.
La formule proposée demande au total 749 euros : Code et leçons de conduite – au nombre minimal de 20 heures – compris. Dans le détail, la formule du Code est à 49 euros (avec les cours et séances d'entraînement en ligne illimités) auquel il faudra rajouter les 30 euros à reverser pour le passage de l'examen. Les leçons de conduite sont au prix unique de 39 euros de l'heure, qu'importent le jour et l'heure réservés. Les horaires étant d'ailleurs le second point fort d'EVS, tant le service est disponible 7 jours sur 7 et de 7 à 23 heures.
La formule proposée demande au total 749 euros : Code et leçons de conduite – au nombre minimal de 20 heures – compris. Dans le détail, la formule du Code est à 49 euros (avec les cours et séances d'entraînement en ligne illimités) auquel il faudra rajouter les 30 euros à reverser pour le passage de l'examen. Les leçons de conduite sont au prix unique de 39 euros de l'heure, qu'importent le jour et l'heure réservés. Les horaires étant d'ailleurs le second point fort d'EVS, tant le service est disponible 7 jours sur 7 et de 7 à 23 heures.
La qualité pédagogique au rendez-vous ?
Pourtant, nul doute qu'il est important de prendre du recul face à l'attractivité économique de l'offre des auto-écoles en ligne « ubérisées ». On a souvent entendu le nom de ces structures dans des affaires judiciaires, tel que nous le montre le dernier exemple en date : celui de PermiGo. Cette start-up lyonnaise ayant fait un dépôt de bilan il y a un an, et qui, rachetée cette année par le groupe Arcan, demande aux anciens élèves de repayer l'ensemble, ou au moins une partie de leur formation effectuée. Une « arnaque »rapporte les 1 250 Lyonnais concernés.
Mais la principale crainte pouvant être recensée, concerne les moniteurs. Le diplôme national permettant d'exercer le métier de moniteur d'auto-école sur tout le territoire, est acquis après une majeure partie d'apprentissage de notions théoriques uniquement. Si un stage est obligatoire en entreprise (280 heures), il reste en deçà des 910 heures de cours en centre de formation. Avec les auto-écoles en ligne travaillant avec des indépendants, il est donc indispensable de se poser la question si la qualité pédagogique sera au rendez-vous, tant ces derniers ne passeront pas par les structures classiques d'auto-écoles. Dans les Centres de formation des moniteurs, la partie stage en auto-école est insuffisante. Selon le personnel de l'établissement contacté par nos soins, « il n'y a pas assez de pratique dans la formation », celle-ci étant façonnée par la suite grâce aux débuts du moniteur en d'auto-école. En effet, la majeure partie de l'expérience pratique d'un moniteur est acquise à l'intérieur même des auto-écoles en échangeant avec les moniteurs plus confirmés, et puis l'auto-école permet le suivi de la formation des élèves.
À ce jour, « En Voiture Simone » ainsi que son concurrent « Ornikar », revendiquent un taux de réussite à l'examen du Permis B de 76 %. Une statistique plus élevée que celle des auto-écoles classiques, mesurées en moyenne à des taux de 60 %. Néanmoins, cet avantage possède une explication. Les auto-écoles en ligne sont majoritairement prisées par la tranche supérieure aux 18-20 ans, avec une moyenne d'âge de 25 ans pour les élèves souscrivant à l'offre. C'est-à-dire des gens à la maturité supérieure et qui le plus souvent s'auto-financent, acceptait d'admettre Benjamin Gaignault, le patron d'« Ornikar ». Ce sont des élèves plus appliqués, ce qui se ressent sur le résultat, ajoutait-il. Aussi, a contrario du montant alléchant fixé en effectuant 20 heures de conduite – 749 euros avec la formule complète – il est important de signaler que ces structures en ligne revendiquent en moyenne 30 heures de leçons de conduite par élève, comme la filière traditionnelle, soit dix de plus que le forfait ce qui revient en réalité à 390 € supplémentaires. Attention donc aux économies en trompe-l'œil.
Mais la principale crainte pouvant être recensée, concerne les moniteurs. Le diplôme national permettant d'exercer le métier de moniteur d'auto-école sur tout le territoire, est acquis après une majeure partie d'apprentissage de notions théoriques uniquement. Si un stage est obligatoire en entreprise (280 heures), il reste en deçà des 910 heures de cours en centre de formation. Avec les auto-écoles en ligne travaillant avec des indépendants, il est donc indispensable de se poser la question si la qualité pédagogique sera au rendez-vous, tant ces derniers ne passeront pas par les structures classiques d'auto-écoles. Dans les Centres de formation des moniteurs, la partie stage en auto-école est insuffisante. Selon le personnel de l'établissement contacté par nos soins, « il n'y a pas assez de pratique dans la formation », celle-ci étant façonnée par la suite grâce aux débuts du moniteur en d'auto-école. En effet, la majeure partie de l'expérience pratique d'un moniteur est acquise à l'intérieur même des auto-écoles en échangeant avec les moniteurs plus confirmés, et puis l'auto-école permet le suivi de la formation des élèves.
À ce jour, « En Voiture Simone » ainsi que son concurrent « Ornikar », revendiquent un taux de réussite à l'examen du Permis B de 76 %. Une statistique plus élevée que celle des auto-écoles classiques, mesurées en moyenne à des taux de 60 %. Néanmoins, cet avantage possède une explication. Les auto-écoles en ligne sont majoritairement prisées par la tranche supérieure aux 18-20 ans, avec une moyenne d'âge de 25 ans pour les élèves souscrivant à l'offre. C'est-à-dire des gens à la maturité supérieure et qui le plus souvent s'auto-financent, acceptait d'admettre Benjamin Gaignault, le patron d'« Ornikar ». Ce sont des élèves plus appliqués, ce qui se ressent sur le résultat, ajoutait-il. Aussi, a contrario du montant alléchant fixé en effectuant 20 heures de conduite – 749 euros avec la formule complète – il est important de signaler que ces structures en ligne revendiquent en moyenne 30 heures de leçons de conduite par élève, comme la filière traditionnelle, soit dix de plus que le forfait ce qui revient en réalité à 390 € supplémentaires. Attention donc aux économies en trompe-l'œil.
Une formule encore limitée
Sur les 1,3 million de présentations de l'examen du Permis de conduire actuels, « En Voiture Simone » devrait pouvoir voir encore son nombre d'inscrits à sa formule, augmenter ces prochaines années. D'autant plus que la start-up vient de signer une levée de fonds de 2 millions d'euros avec les investissements du Crédit Agricole Innovations et Territoires, Supernova Invest et Amundi Private Equity Funds. Mais sa course à l'économie des coûts fixes pourrait aussi se présenter comme un frein : l'absence de structure, de suivi personnel physique et le possible manque de moniteurs dans certaines zones, pourraient contraindre les candidats à préférer opter pour une solution classique.